LA PRÉSENTE PUBLICATION SERT STRICTEMENT À DES FINS D’INFORMATION. RIEN DANS CETTE PUBLICATION NE DEVRAIT ÊTRE CONSIDÉRÉ COMME L’AVIS JURIDIQUE D’UN AVOCAT, D’UN COLLABORATEUR À LA RÉDACTION DU PRÉSENT BULLETIN OU DE LA SPIIC. LES LECTEURS DEVRAIENT CONSULTER UN CONSEILLER JURIDIQUE POUR OBTENIR DES CONSEILS SPÉCIFIQUES.
On apprend aux infirmières à administrer des médicaments après avoir confirmé les cinq bons principes de leur administration : administrer la bonne dose du bon médicament, par la bonne voie, au bon moment et au bon client. En dépit de cette diligence, il se produit encore des erreurs dans l’administration de médicaments. Dans le cas d’un stupéfiant, l’erreur peut avoir un effet désastreux sur le patient. Dans l’édition 2006 du Compendium des produits et spécialités pharmaceutiques, on signale que l’hydromorphone, aussi appelée Dilaudid, est environ huit fois plus puissante que la morphine. Lorsque le médicament est prescrit sous forme d’hydromorphone, il est possible de mal lire, de mal entendre ou de mal comprendre et de penser qu’il s’agit de morphine. Même lorsque l’on vérifie deux fois l’ordonnance, un nom qui a une consonance aussi semblable peut contribuer au biais de confirmation : voir ce qu’on s’attend à voir.
Le cas d’un homme de 69 ans qui a reçu 10 mg d’hydromorphone IM au lieu de 10 mg de morphine illustre les conséquences d’une telle erreur sur un patient. Le patient a subi un traumatisme au thorax pendant qu’il faisait de l’équitation : son cheval a glissé et est tombé sur lui. On l’a examiné à l’urgence. En dépit de son traumatisme et même si le médecin souhaitait qu’on le garde sous observation à l’hôpital une journée ou deux, le patient a insisté pour quitter l’hôpital avec sa fille. Avant de lui donner son congé, le médecin lui a prescrit 10 mg de morphine IM pour la douleur, mais on a choisi par inadvertance de l’hydromorphone dans l’armoire à stupéfiants. Ces deux médicaments se présentaient en ampoules de 1 ml, 10 mg/ml, et leur emballage se ressemblait. Le patient, qui n’avait probablement pas l’habitude des opiacés, a reçu une dose équivalant à quelque 60 à 70 mg de morphine. Dans l’heure qui a suivi son congé, le décompte des stupéfiants effectués au changement de quart a révélé l’erreur de substitution. On a pris immédiatement des mesures pour essayer de communiquer avec le patient. On l’a retrouvé dans un hôpital rural. Son état s’était détérioré pendant son retour à la maison et c’est pourquoi sa fille l’avait conduit à l’hôpital le plus proche. Il a malheureusement été victime d’un arrêt cardiaque et l’on n’a pu le ranimer.
À la suite d’une telle erreur, il y a tout un éventail d’enquêtes possibles qui peuvent ou non aboutir à des poursuites en justice et des sanctions1. En l’occurrence, l’hôpital a favorisé une analyse détaillée des causes fondamentales. On a retenu les services de l’Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments du Canada [ISMP Canada] afin de déterminer exactement ce qui s’était passé et de prévenir tout événement semblable à l’avenir. À la fin de 2004, ISMP Canada a produit un rapport détaillé contenant des recommandations à l’intention des praticiens et des établissements2. Malheureusement, on commet toujours depuis des erreurs de substitution morphine/hydromorphone.
QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE POUR VOUS?
- Informez-vous avant d’administrer un stupéfiant si vous avez des doutes au sujet de ses caractéristiques.
- Assurez-vous que l’ordonnance portant sur des stupéfiants que vous remplissez est complète et contient tous les éléments nécessaires. Clarifiez tout ce qu’il y a d’illisible ou d’incertain comme des abréviations non approuvées avant de remplir l’ordonnance.
- Assurez-vous que votre évaluation du patient appuie l’administration d’un analgésique. Il est presque impossible de mesurer la douleur, mais il est possible de mesurer les signes vitaux et le niveau d’éveil. Les soins infirmiers consistent en partie à veiller à ce que le dossier de santé contienne les renseignements pertinents sur l’état de santé du patient. Assurez-vous de documenter vos évaluations, vos interventions et les résultats pour le patient lorsque vous administrez des stupéfiants.
- Assurez-vous que l’aire de travail où vous préparez les médicaments cause le moins de distractions possibles. Un facteur qui a contribué à l’erreur dans le cas décrit ci-dessus est attribuable au fait que l’armoire à stupéfiants se trouvait dans une aire ouverte. Pendant que l’infirmière se préparait à administrer l’injection, elle a pu voir un patient en proie à la confusion essayer de passer par-dessus les côtés de son lit. Elle a interrompu ce qu’elle faisait pour aller l’aider.
- Utilisez du matériel de surveillance si la politique ou l’état du patient l’impose. Quelle est la meilleure façon de surveiller l’état respiratoire lorsqu’un patient reçoit des stupéfiants et que vous l’encouragez à dormir?
La maîtrise de la douleur réconforte et peut aussi améliorer la guérison. Les infirmières doivent toutefois être de bonnes intendantes des analgésiques si les patients vont en tirer des avantages.
Notes:
- Pour en savoir davantage, allez à www.cnps.ca et consultez les numéros d’infoDROIT sur les erreurs dans l’administration de médicaments, la sécurité des patients, la négligence, les poursuites en justice pour faute professionnelle et les risques juridiques de la profession infirmière.
- ISMP Canada. (novembre 2004). Event Analysis Report : Hydromorphone/Morphine Event Red Deer Regional Hospital, Red Deer, Alberta.
Remarque : Cet article, paru en janvier 2008, est réimprimé avec la permission de la revue Canadian Nurse / L’infirmière canadienne.
N.B.: Dans ce bulletin, le genre féminin englobe le masculin, et inversement, quand le contexte s’y prête. Cet article est à titre d’information seulement et ne devrait pas être considéré comme un avis juridique.
LA PRÉSENTE PUBLICATION SERT STRICTEMENT À DES FINS D’INFORMATION. RIEN DANS CETTE PUBLICATION NE DEVRAIT ÊTRE CONSIDÉRÉ COMME L’AVIS JURIDIQUE D’UN AVOCAT, D’UN COLLABORATEUR À LA RÉDACTION DU PRÉSENT BULLETIN OU DE LA SPIIC. LES LECTEURS DEVRAIENT CONSULTER UN CONSEILLER JURIDIQUE POUR OBTENIR DES CONSEILS SPÉCIFIQUES.