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L’une des fonctions principales des infirmières consiste à administrer des médicaments. Malheureusement, les erreurs dans ce domaine peuvent compromettre gravement la santé des patients et avoir des conséquences juridiques pour le personnel infirmier. Il peut s’agit d’une simple erreur ne mettant en cause qu’un seul professionnel de la santé ou d’un événement dont les facteurs sont multiples et qui mettent en cause de nombreuses personnes et le milieu dans lequel le médicament a été administré. La réconciliation des médicaments est l’une des stratégies qui peut être utilisée pour réduire les cas d’erreur d’administration. Il s’agit d’un processus formel où l’on obtient une liste exacte et à jour des médicaments de chaque patient qu’on utilise pour noter les directives du médecin relatives à l’admission, au transfert ou au congé du patient afin de réduire les risques d’écarts dans les ordonnances de médicaments1.
Quelles sont les normes professionnelles qui s’appliquent à l’administration des médicaments?
La responsabilité de l’infirmière en cas d’erreur sera évaluée en conformité avec les normes professionnelles régissant les soins infirmiers définies par l’organisme de réglementation professionnelle compétent dans la province ou le territoire en question. La plupart des employeurs du domaine de la santé ont également adopté des politiques et des procédures concernant l’administration des médicaments et élaboré de la documentation pertinente, y compris les mesures à prendre en cas de découverte d’une erreur.
L’infirmière doit respecter cinq règles fondamentales lorsqu’elle administre des médicaments (bon médicament, dose exacte, bon patient, voie d’administration prescrite et moment approprié). Le personnel infirmier peut aussi être tenu responsable pour avoir contribué à une erreur dans l’administration d’un médicament. Dans l’affaire Bugden c. Harbour View Hospital, un médecin a demandé de la novocaïne à une infirmière pour l’injecter dans le pouce d’un patient. L’infirmière a demandé ce médicament à une collègue d’un autre département. Elle a apporté au médecin le flacon que la deuxième infirmière lui avait remis, et le médecin a injecté le médicament au patient. Malheureusement, le flacon contenait de l’adrénaline et le patient est décédé. Ni les infirmières, ni le médecin n’avaient regardé l’étiquette sur le flacon. Le tribunal a jugé que les infirmières étaient toutes deux négligentes, mais il a conclu que le médecin n’était pas négligent parce qu’il était normal qu’il se fie à la compétence professionnelle des infirmières, lesquelles auraient dû vérifier l’étiquette apposée sur le flacon2.
Le personnel infirmier a le devoir de demander des précisions sur une ordonnance qui n’est pas claire ou qui est inhabituelle. Dans l’affaire Norton c. Argonaut Insurance Company, aux États-Unis, une infirmière des services administratifs travaillait dans un service de pédiatrie par suite d’une pénurie de personnel. Elle a suivi à la lettre l’ordonnance d’un médecin qui avait écrit : « 3,0 cc lanoxine aujourd’hui pour une seule dose ». Elle ne s’est pas renseignée sur la méthode d’administration du médicament auprès du médecin. Comme elle avait toujours administré la Lanoxine par voie injectable, elle a donné ce médicament par voie intramusculaire, et non par voie orale, comme prévu, et le nourrisson est décédé. Le tribunal a conclu que l’infirmière avait fait preuve de négligence en administrant un médicament qu’elle ne connaissait pas bien et en ne demandant pas les précisions appropriées du médecin prescripteur3.
Le personnel infirmier doit connaître l’action, les effets secondaires et les contre-indications des médicaments. Une infirmière et une infirmière auxiliaire autorisée ont toutes deux été tenues responsable de négligence lorsque l’administration de Codéine à un patient pédiatrique après une tonsillectomie a donné lieu à un arrêt respiratoire et à des lésions cérébrales. L’enfant avait manifesté des signes de détresse respiratoire avant l’administration du médicament. Le tribunal a conclu que les infirmières auraient dû savoir que la Codéine aurait des conséquences néfastes sur la fonction respiratoire et qu’il était nécessaire de surveiller plus attentivement la respiration de l’enfant4.
Qu’arrivera-t-il si je fais une erreur?
Les conséquences d’une erreur dans l’administration d’un médicament dépendent d’un certain nombre de facteurs, y compris votre rendement antérieur au travail, les conséquences de l’erreur sur la santé du patient et la façon dont vous avez réagi. Une erreur peut avoir les conséquences suivantes, en tout ou en partie :
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- Examen de la sécurité du patient ou contrôle de la qualité
Votre employeur peut procéder à un examen interne pour établir comment et pourquoi l’erreur s’est produite afin d’améliorer le milieu ou le système dans lequel le personnel infirmier administre les médicaments. - Mesures disciplinaires de la part de l’employeur
Votre employeur peut vous ordonner d’améliorer la façon dont vous exercez vos fonctions. Dans certains cas, il peut vous réprimander, vous suspendre ou vous congédier. - Mesures professionnelles de la part de votre association professionnelle
Une plainte déposée à votre organisme de réglementation professionnelle entraînera un processus d’enquête. Si l’organisme vous ordonne d’améliorer la façon dont vous exercez vos fonctions, vous devrez peut-être suivre un cours. Votre permis d’exercice peut également être suspendu ou révoqué. - Poursuites civiles
Un patient ou sa famille peut intenter une poursuite pour négligence contre vous si l’erreur a causé un préjudice.
- Examen de la sécurité du patient ou contrôle de la qualité
Comment puis-je diminuer les risques d’erreur?
Vous pouvez réduire les risques d’erreur dans l’administration des médicaments en suivant les consignes suivantes :
- faites très attention à tous les aspects de l’administration des médicaments;
- améliorez vos compétences en calcul ou servez-vous d’une calculatrice ou, si les politiques l’exigent, demandez à une collègue de vérifier vos calculs;
- renseignez-vous sur les médicaments que vous devez administrer et sur les personnes qui doivent les recevoir;
- tenez-vous à jour sur les pratiques actuelles;
- n’administrez jamais un médicament qu’a préparé une autre personne;
- obtenez des précisions sur les ordonnances si elles sont incomplètes, illisibles ou contiennent des abréviations non approuvées;
- posez des questions sur les ordonnances qui ne semblent pas appropriées;
- versez au dossier du patient les données sur les médicaments seulement lorsque c’est vous qui les administrez, conformément aux lignes directrices de votre employeur, sauf si vous êtes désignée pour enregistrer les données dans une urgence; et
- renseignez-vous sur les consignes de votre employeur relativement à l’administration de médicaments et observez-les.
Il arrive que des erreurs soient commises dans l’administration des médicaments, mais la plupart peuvent être évitées si l’on applique les principes ci-dessus. La meilleure façon de vous protéger est de veiller à respecter les normes les plus rigoureuses lorsque vous exercez vos fonctions dans ce domaine.
Si vous faites une erreur, consignez au dossier du patient le médicament administré, et signalez immédiatement l’incident au médecin du patient et à votre employeur. Remplissez tous les documents exigés par votre employeur.
Les bénéficiaires de la SPIIC peuvent communiquer avec la SPIIC au 1-800-267-3390 pour parler avec un conseiller juridique de la SPIIC. Tous les appels sont confidentiels.
- Pour de plus amples informations, visiter https://www.patientsafetyinstitute.ca/fr/about/Programs/SHN/Pages/default.aspx.
- Bugden c. Harbour View Hospital et al., [1947] 2 D.L.R. 338 (N.S.S.C.).
- Norton et al. c. Argonaut Insurance Company et al., [1962] 144 So. 2d 249 (La. Ct. App.).
- Williams (Litigation Guardian of) c. North York General Hospital, [1993] O.J. No 1721 (Ct. J. (Div. gen.)) (QL).
N.B.: Dans ce bulletin, le genre féminin englobe le masculin, et inversement, quand le contexte s’y prête.
Vol. 5, no 2, décembre 2007; révision de décembre 1996
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